Etais-tu déjà « artiste » quand tu étais petite ?
J’ai toujours adoré les ateliers créatifs et manuels, aimé colorier, dessiner, écouter de la musique, chanter. Je suis rentrée au conservatoire à 6 ans, joué du violon pendant 11 ans. Ma grand-mère m’apportait tous les samedis matin après ses courses un cahier de coloriage, de jeux, un livre, etc. Mon père m’a appris quelques traits de dessin, fait des modèles que je reproduisais. Ma mère avait une passion pour le chant qu’elle m’a transmise. J’étais aussi une petite acrobate, je sautais, courais, adorais faire du vélo et du patin à roulettes. Les arts ne m’ont jamais quittée, ils font partie de moi et de ma construction, encore aujourd’hui, c’est un besoin spirituel presque qui me permet d’être complète et épanouie au quotidien.
As-tu ou travailles-tu avec des enfants ? Qu’ont-ils de particulier ?
J’ai deux magnifiques garçons, Arthur 5 ans et Théodore bientôt 2 ans. Le premier est calme, une âme tranquille, adore lire, faire des lego et dessiner. Le second vibre au son de la musique, et c’est un coquin acrobate.
Picasso disaient d’eux : « Quand j’avais leur âge, je dessinais comme Raphael, mais il m’a fallu ma vie pour dessiner comme eux ». Qu’en penses-tu ?
L’enfant et l’art ne font qu’un. L’enfant crée son propre art, en toute innocence, sans à priori ni jugement. Il est maître de ses œuvres. C’est un artiste qui a influencé les artistes contemporains comme Picasso Mondrian ou Matisse. Et tout artiste détient une part d’enfant en lui qu’il peut rappeler à tout moment, plus ou moins, au fur et à mesure qu’il apprend de son art. Pour ma part par exemple, je (re)découvre mon enfant intérieur un peu plus au fil de mes créations. J’apprends à maîtriser la technique et ma part d’enfant me permet de lâcher-prise – je me laisse aller sans trop réfléchir, juste au gré des sens et du cœur –. L’enfant est peut-être même plus artiste que l’artiste tant il détient cette force qu’est le lâcher-prise.
Chez TOUT COMME des grands, nous aimons laisser aux enfants la liberté de se réapproprier nos ateliers. Nous proposons une thématique mais chacun fait comme il veut. As-tu des recommandations à nous donner ?
Donner une base à l’enfant est essentiel pour le guider et le soutenir dans son apprentissage créatif. Les consignes sont là, ou tout du moins un fil conducteur, et l’enfant choisit de se le réapproprier à sa guise, le respecter plus ou moins. C’est très montessorien, on donne à l’enfant de la matière, à lui de forger sa lance en quelque sorte. C’est ce qui développe son autonomie et décuple sa capacité à créer.